EPAD : les raisons de la colère
Dans quelques années « l’affaire EPAD » sera citée comme la manipulation parfaite des masses populaires. C’est si bien orchestré qu’on entend certains défendre les protagonistes.
Tout d’abord, l’affaire est banalisée par une étude sociologique. Dans un article du Monde du 15 octobre, Michel et Monique Pinçon analysent la polémique née de la candidature de Jean Sarkozy à la présidence de l’EPAD. Les propos tenus marquent une certaine indignation. Mais ils sèment la confusion en faisant un parallèle entre les actes des grands patrons et ceux du Président de la République. Là, ils confondent intérêts privés et intérêt général. Les premiers initient leurs enfants au monde des affaires à l’intérieur de leurs propres entreprises. Le second propose à son fils de se faire les griffes au poste le plus élevé d’une entreprise publique.La différence est de taille.
Ensuite, une action supposée vertueuse du Gouvernement brouille les esprits. Luc Chatel souhaite, pour plus de clarté et de transparence, interdire aux représentants de l’État de participer au vote du futur Président de l’EPAD. Or, même sans les fonctionnaires la nomination de Jean Sarkozy est assurée. 9 fonctionnaires siègent au Conseil d’administration aux cotés de 9 représentants des collectivités territoriales. 4 sont UMP; 2 sont PS; 2 sont PC. Enfin, le dernier est l’actuel Président de la CCI des Hauts de Seine, ancien Conseiller Municipal de Nicolas Sarkozy à Neuilly sur Seine. Le vote de « ce proche » ne constitue pas un suspens. Jean Sarkozy sera nommé par 5 voix contre 4 au lieu de 14 voix contre 4.
Mais la cerise sur le gâteau reste que l’on veut nous faire croire que ce poste n’intéresse personne d’autre que le fils du Président ! L’établissement public d’aménagement de La Défense administre l’un des principaux quartiers d’affaires européen. Avec un budget de 115 millions d’euros, 3 350 000 m² de bureaux, 150 000 salariés pour 2500 entreprises dont plusieurs du CAC 40. Avec la gestion de la vente des droits à construire sur un terrain de 160 hectares dans l’Ouest parisien, 15 tours en chantier et autres peccadilles comme la construction de logements neufs ou le réaménagement des boulevards circulaires. …..On peut s’étonner qu’il n’y ait aucune autre candidature à droite pour ce poste de Président ?
Au-delà de cette manipulation il est juste de s’interroger sur le nombre d’incapables qui ont été placés ainsi à la tête de grandes entreprises publiques ? Car si Nicolas Sarkozy ose passer au-dessus de l’opinion publique, c’est qu’il sait qu’il peut le faire.
